Comment traduire les noms et les doses de médicaments pour les pharmacies étrangères
Vous êtes en vacances à Barcelone, votre boîte d’ibuprofène est vide, et vous devez en racheter. Mais le pharmacien vous demande le nom du médicament. Vous sortez votre ordonnance : « Advil 200 mg ». Il vous répond : « Nous n’avons pas ça. » Pourquoi ? Parce qu’en Espagne, Advil s’appelle Ibuprofeno. Et si vous ne savez pas cela, vous risquez de vous retrouver sans traitement, ou pire, de prendre un médicament différent par erreur.
Traduire les noms et les doses de médicaments pour une pharmacie étrangère, ce n’est pas juste une question de mots. C’est une question de sécurité. Une erreur de traduction peut conduire à une surdose, à une interaction dangereuse, ou à un traitement inefficace. Selon First Databank, 50 % des patients ne prennent pas leurs médicaments comme prescrit - et une grande partie de ces erreurs vient d’une mauvaise compréhension des instructions, souvent due à une traduction incorrecte.
Les noms de médicaments ne sont pas les mêmes partout
Un médicament peut avoir plusieurs noms. Le nom générique - l’ingrédient actif - est le même dans le monde entier. Par exemple, l’ibuprofène est l’ingrédient actif dans Advil (États-Unis), Nurofen (Royaume-Uni), Ibuprofène (France), et Abfen (Pologne). Mais les noms de marque, eux, changent. Si vous ne connaissez que le nom de marque, vous risquez de ne pas trouver votre médicament à l’étranger.
Et ce n’est pas tout. Certains noms sont presque identiques, mais les médicaments sont totalement différents. En Grande-Bretagne, Ambyen est un traitement pour les troubles du rythme cardiaque. Aux États-Unis, Ambien est un somnifère. Confondre les deux peut être fatal. C’est pourquoi les professionnels de santé recommandent toujours de connaître le nom générique, pas seulement le nom de la marque.
Les doses : attention aux unités et aux formats
Une dose de 1 g, c’est 1000 mg. Mais dans certains pays, les ordonnances écrivent « 1g » sans préciser que c’est « grammes ». Dans d’autres, on utilise « mg » partout. Un patient français arrive en Thaïlande avec une ordonnance qui dit : « Prendre 1g deux fois par jour ». Le pharmacien, pensant que c’est 1 milligramme, lui donne un traitement 1000 fois trop faible. Le patient ne guérit pas. Ou inversement : il croit que « 100 mg » signifie « 100 grammes », et prend une dose létale.
Les formats varient aussi. Aux États-Unis, on écrit souvent « 500 mg bid » (deux fois par jour). En France, on écrit « 500 mg, 2 fois par jour ». En Allemagne, on utilise « 2 x 500 mg täglich ». Si vous ne comprenez pas ces abréviations, vous prenez mal votre médicament.
La solution ? Toujours noter la dose en milligrammes (mg) et préciser la fréquence : « 400 mg, 3 fois par jour ». C’est le format universel que les pharmaciens reconnaissent partout.
Les documents à emporter pour une pharmacie étrangère
Avant de voyager, préparez-vous. Voici ce qu’il faut avoir sur vous :
- La liste complète de vos médicaments : nom générique, dose, fréquence, raison de la prise
- Les ordonnances originales avec le nom du médecin et le cachet de la pharmacie
- Une traduction écrite de vos ordonnances en anglais ou dans la langue du pays visité
- Le nom générique de chaque médicament, écrit à la main, en clair
- Un document d’identité - certaines pharmacies exigent une preuve d’identité pour vendre des médicaments sur ordonnance
Ne comptez pas sur Google Translate pour traduire votre ordonnance. Les outils automatisés ne comprennent pas les abréviations médicales, les unités de dose, ou les nuances des termes comme « prn » (au besoin) ou « qd » (une fois par jour). Un étudiant en pharmacie à Montpellier a raconté sur Reddit comment il avait mal traduit « 0.5 mg » en « 5 mg » - un patient aurait pu faire une crise cardiaque.
Comment trouver l’équivalent local d’un médicament
Si vous êtes à l’étranger et que vous n’avez plus votre médicament, voici comment procéder :
- Identifiez le nom générique (ex : ibuprofène, paracétamol, amoxicilline)
- Utilisez un outil fiable comme Drugs.com / International ou Medicines.org.uk pour trouver l’équivalent local
- Allez dans une pharmacie et montrez la liste : « Je cherche l’équivalent de [nom générique] à [dose] »
- Demandez au pharmacien : « Est-ce que c’est le même ingrédient actif ? »
- Ne prenez jamais un médicament sans vérifier la dose et la forme (comprimé, gélule, sirop)
Par exemple : si vous avez besoin de Lexapro (États-Unis), son équivalent en France est Escitalopram. En Allemagne, c’est Cipralex. Mais l’ingrédient actif est le même : l’escitalopram. Si vous savez cela, vous pouvez demander n’importe où dans le monde : « J’ai besoin de l’escitalopram à 10 mg ».
Les erreurs les plus fréquentes - et comment les éviter
Voici les 5 erreurs les plus courantes, et comment les éviter :
- Erreur 1 : Ne pas connaître le nom générique. Correction : Notez-le avant de partir, et imprimez-le.
- Erreur 2 : Confondre « mg » et « g ». Correction : Toujours écrire en milligrammes, jamais en grammes pour les comprimés.
- Erreur 3 : Faire traduire l’ordonnance par un ami qui ne parle pas bien la langue. Correction : Utilisez un service de traduction médicale certifié, ou une application comme RxTran ou Stepes.
- Erreur 4 : Prendre un médicament parce qu’il « a l’air similaire ». Correction : Demandez toujours : « Quel est l’ingrédient actif ? »
- Erreur 5 : Ne pas vérifier la forme du médicament. Correction : Un comprimé de 200 mg n’est pas équivalent à un sirop de 200 mg par cuillère. Vérifiez la concentration.
Les services professionnels - valent-ils le prix ?
Des entreprises comme RxTran, Stepes ou First Databank proposent des services de traduction médicale certifiée. Elles intègrent leurs systèmes directement aux logiciels de pharmacie, traduisent les étiquettes, les notices et les instructions en 26 langues, y compris l’arabe, le vietnamien ou le polonais. Leur précision est supérieure à 99 %, selon leurs données internes.
Le prix ? Pour une petite pharmacie, ça peut coûter 3 500 $ par an. Ce n’est pas abordable pour tout le monde. Mais pour un voyageur, il existe des alternatives moins chères : des applications mobiles comme MedTrans ou des sites comme Drugs.com qui donnent les équivalents internationaux gratuitement.
Le vrai coût, c’est l’erreur. Selon l’Institut national de la santé américain, 40 % des erreurs médicamenteuses lors des transitions de soins sont évitables avec une bonne communication. Et 35 % des hospitalisations évitables sont liées à une mauvaise compréhension des médicaments.
Le mot de la fin : sécurité avant tout
Traduire les médicaments, ce n’est pas une question de vocabulaire. C’est une question de vie ou de mort. Même une petite erreur de traduction peut avoir de grandes conséquences. La meilleure stratégie ? Préparez-vous avant de partir. Notez les noms génériques. Écrivez les doses en mg. Apportez vos ordonnances. Et quand vous êtes à l’étranger, ne vous fiez jamais à la traduction d’un inconnu. Posez toujours la question : « Quel est l’ingrédient actif ? »
Le pharmacien à l’étranger ne connaît pas votre histoire médicale. Il ne sait pas si vous êtes allergique, si vous prenez un anticoagulant, ou si vous avez un problème rénal. Votre rôle, c’est de lui donner les bons éléments pour qu’il puisse vous aider. Pas de suppositions. Pas de devinettes. Juste des faits clairs, précis, et bien écrits.
Vous avez fait le voyage. Vous avez choisi votre destination. Ne laissez pas une erreur de traduction gâcher votre santé.